Dans l’immensité noire de l’espace, quelque part dans le système Stanton, le capitaine Gaston “Bling-Bling” Duroc dégustait un verre de champagne millésimé dans le salon opulent de son Origin 890 Jump. Véritable aristocrate du vide spatial, il voyait son vaisseau non pas comme un simple moyen de transport, mais comme une déclaration de style.

Son équipage, vêtu en smoking et robe de soirée, s’affairait à leurs tâches : s’assurer que la fontaine à champagne ne manquait jamais de bulles et que le parquet en marbre était toujours aussi lustré qu’un miroir.

Pendant ce temps, non loin de là, flottait le Polaris de l’amiral Vladimir “Ferraille” Karstein, un vétéran austère qui ne jurait que par le blindage renforcé et l’artillerie lourde. Son vaisseau, bardé de canons et rempli de marines, était une machine de guerre pure et dure.

Le destin, ou plutôt une bouteille de champagne mal posée sur le tableau de bord du 890 Jump, en décida autrement.

“Capitaine ! On a un léger souci…” signala l’officier de navigation.

Gaston haussa un sourcil tout en observant les bulles danser dans sa coupe.
“Voyons, mon cher, ne me parlez pas de problèmes alors que je déguste un millésime de 2945.”

“Oui, sauf que notre vaisseau fonce tout droit sur un Polaris de l’UEE…”

Un silence. Puis, un soupir.

“Mon Dieu, ces militaires n’ont aucun sens du spectacle. Très bien, poursuivons !”

À bord du Polaris, l’alerte rouge retentit.

“CONTACT IMMINENT ! UN 890 JUMP NOUS FONCE DESSUS !”

L’amiral Karstein fronça les sourcils.
“Un vaisseau de luxe ? Ces snobs ne savent même pas piloter correctement…”

“Ordres, amiral ?”

“Préparez les boucliers et armez les canons ! Si cet imbécile veut une collision, il va comprendre ce que ça fait de s’écraser contre du blindage militaire !”

Le choc fut… étonnant.

Le 890 Jump percuta le Polaris de plein fouet. Pas d’explosion. Pas de destruction totale. Seulement un bruit sourd suivi d’un fracas de cristal et de marbre. Les baies vitrées du salon du 890 résistèrent, le jacuzzi remua légèrement, et quelques bouteilles tombèrent mollement sur la moquette.

En revanche, le Polaris…

Son blindage céda sous la pression luxueuse du marbre pur d’Origin. Une partie du flanc s’enfonça comme une boîte de conserve, et des conduits commencèrent à fuir. Le personnel militaire, peu habitué à l’impact d’un paquebot en adamantium poli, fut projeté contre les murs.

Dans la salle de commandement, l’amiral Karstein, médusé, observait la scène.

“IMPOSSIBLE ! Ce fichu vaisseau aurait dû exploser !”

De l’autre côté, le capitaine Gaston leva son verre, observant la bataille gagnée par l’opulence.

“Et voilà pourquoi il faut toujours investir dans les matériaux nobles…”

Un steward s’approcha de lui avec un plateau.

“Un autre verre, capitaine ?”

“Bien entendu, mon cher. Après tout, nous venons de remporter une victoire spatiale sans même lever le petit doigt.”

Et ainsi, sur ce curieux champ de bataille, ce fut le marbre, le champagne et le bon goût qui triomphèrent du blindage, des canons et du pragmatisme militaire.

Par Romeo Yankee 12 le 06 février 2025